Au temps lointain où le Bon Dieu
étudiait au très fond des cieux
notre actuelle mappemonde,
quand le seigneur d'humeur féconde
prit son crayon et sa gomme
il dessina grandeur nature
les plans de chair et d'ossature
de deux êtres : la femme et l'homme.
Mais à l'endroit comme à l'envers
rien n'était assez différent
pour rendre vraiment apparent
le sexe de ces deux bonshommes.
La question se posait en somme :
où est la femme et où est l'homme ?
Dieu se dit : "Sacré nom de... moi,
Il faudrait que j'ajoute à l'un
un tout petit je ne sais quoi
de typiquement masculin,
qu'évitant des formes trompeuses
on puisse dire aux incrédules
d'un seul coup d’œil :
çà c'est un jules
et çà c'est une menteuse."
Dieu se gratta donc l'auréole
pour inventer un décorum
et découvrir une babiole
qu'il mit au mâle en post-scriptum,
un détail propre aux messieurs,
un souffle, un rien...
badin, gracieux, un avantage
personnel
et possédant un charme tel
qu'Eve en le voyant devint pâle.
La chose est une trouvaille,
magique, divine ;
l'homme peut la porter en canaille
tendre piquante, souple ou fine,
en nonchalante ou en bataille,
bref ! en diverses positions
selon son humeur ou son âge.
Mais devant ce superbe ouvrage
le seigneur se dit : Cette invention,
malgré son allure angélique,
ne m'a pas l'ait très catholique ;
il faut que je la baptise."
Et il saisit son goupillon
(mais oui, Mesdames, nous y venons)
cet objet de vos convoitises,
honni soit qui du mal en dise,
il faut l'appeler par son nom :
ce privilège que l'homme a
Qu’Ève n'eut pas
mais qu'elle aima,
cette chose qui vous envoûte,
qui vous met le cœur en déroute,
qui vous attire et vous attache,
c'est bien sur LA MOUSTACHE !
Camille 1992